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dimanche 19 mai 2013

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Ce dimanche, sous la pluie, j'ai pu me sécher et me réchauffer dans le salon Étonnants Voyageurs à Saint-Malo. Des livres par milliers, des idées lectures encore bienvenues, des conférences prises d'assaut, et des auteurs en chair et en os.
Aaah ces auteurs! Ces hommes et femmes, dont je ne connais quasiment jamais le visage, qui me font vibrer par leurs mots! J'ai pu jouer ma groupie.
Et oui, car si les charmants garçons de One Direction ou ce bon vieux Johnny Hallyday me laissent de marbre, certains auteurs provoquent en moi cette étrange réaction qui me rends idiote. Vous savez ce moment où vous vous sentez fébrile, vous perdez vos mots, vous riez bêtement et vous sortez des phrases sans même qu'elles ne passent pas votre cerveau... Du genre "I'm here just for you!" Mais si, vous voyez bien de quoi je veux parler!
Et oui ce vilain virus m'a lâchement attaqué sur le Salon... Par 2 fois le monstre. 
Tout d'abord au détour d'une allée je tombe sur Percival Everett! Mon Dieu! Je ne savais pas qu'il serait là! Quel bonheur!
Rencontré en 2009 pour la sortie de son roman Le supplice de l'eau,
il m'avait passionné! A tel point que j'avais acheté son roman. Puis je l'avais lu. Une claque! Une histoire des plus sordide. Et un roman magistral! Mais une lecture douloureuse, tant pas le fond que par la forme. Pour résumer, un auteur à succès alcoolique et divorcé devient totalement fou après l'enlèvement, le viol et le meurtre de sa fille. Pas de temporalité linéaire dans ce roman, à nous lecteur de recoller les morceaux pour comprendre dans quel ordre se roulent les évènements. Des passages totalement incompréhensibles dans les délires d'un homme saoult en proie à ses démons intérieurs. C'est une véritable descente dans la folie pure et brute.

Après ce roman, il avait prit un ton plus léger pour un roman sur la quête d'identité avec le drôle et souvent absurde Pas Sidney Poitier. L'histoire d'un garçon qui ressemble à l'acteur et que sa mère, après 24 mois de grossesse a nommé "Pas Sidney". Un drôle de roman hommage aux films de Sidney Poitier, le vrai. Pas Sidney semble vivre une vie qui semble avoir déjà été vécue par l'acteur dans ses films. Enfin pas tout à fait, car Percival Everett en modifie les trames. Mais vous m'avez comprise. Une mise en abyme romanesque ou l'humour et l'absurde nous tiennent parfaitement. Rien à voir donc avec le précédent.
 
Et puis comme Percival Everett aime nous surprendre et se présenter là où on ne l'attend pas, Actes Sud nous a ensuite proposé un polar. Et oui, encore rien à voir. Avec Montée aux Enfers il chamboule les codes du roman policier. Trois enquêtes comme trois nouvelles, qui ne semblent liées que par le personnage du shérif adjoint, Ogdent Walker, qui les mènent. Amateurs de romans policiers oubliez tout ce que vous pensiez connaître de ce genre, et laissez vous dérouter. L'auteur s'amuse à perdre le lecteur, car les apparences sont souvent trompeuses. 

Alors voilà, devant ce grand écrivain américain, auteur de nombreux romans, dont 7 traduits en français, se trouvait donc là, derrière sa table au stand Actes Sud. Il fallait que je lui dise. Quoi? Je ne sais pas. Que le Supplice de l'eau a été un supplice pour moi. Que j'ai adoré Montée aux enfers. Son roman policier hors normes m'a enchanté. Qu'il faut qu'il continu d'écrire, parce que franchement il fait super bien son travail. Bon je pense que mon avis il s'en fiche, mais il a conclu notre échange, bref et bégayant de mon côté, par une franche poignée de main, un grand sourire et un "Sandy! I'm glad to meet you. Thank you." Et moi je me suis retrouvée bête et souriant stupidement en lui disant que je suis enchantée aussi... Le fait que je n'achète pas ses romans -pour la plupart je les ai déjà à la maison- et que je ne demande pas de signature -ça aussi je l'ai déjà à la maison- ne semblaient pas lui poser le moindre problème. De même qu'une hystérique lui répète qu'il est formidable et que ses romans sont incroyables! Je suis repartie avec mon petit cœur palpitant, un sourire béat, des étoiles dans les yeux au milieu de la foule d'anonymes. 

N'ayant pas lu ses 4 précédents romans, tous aussi chez Actes Sud, je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous même et de m'en parler!


Puis vint l'après midi, et l'attente longue et fébrile de celui pour qui j'avais fait le déplacement! Le grand David Vann! Mais si souvenez vous, je vous ai parlé de son dernier roman Impurs! C'est donc l'occasion de vous parler un peu des deux précédents!
Fin 2010 les éditions Gallmeister publiaient dans leur collection Nature writing pour la première fois cet auteur américain en français avec Sukkwan Island. L'histoire d'un homme divor, défaitiste, qui décide de reprendre sa vie en mains. Et pour ce faire il a la très bonne idée de partir avec son fils de 13 ans sur une ile perdue au sud de l'Alaska. Le but: passer un an seuls, en autarcie, survivre et nouer des liens. Mais face à ces grandes étendues, au froid, à la solitude, aux pensées noires cette aventure ne va pas se passer tout à fait comme il l'avait prévu. On se prends une claque à cette lecture. Une de celles qui marquent pour longtemps. On devient presque claustrophobe des grands espaces. Mais on en redemande.

Alors à la sortie de Désolations, je n'avais pas le choix, il fallait que je le lise. Le décor est toujours celui de l'Alaska. Cette fois ci il nous plonge dans le quotidien d'une famille qui se délite. Mais plus que la cellule familiale, c'est le couple qui est dans la ligne de mire de l'auteur. Irène et Gary, mariés depuis 30 ans ont 2 enfants Fine et un garçon (dont j'ai oublié le prénom, désolée pour lui!). Irène et Gary sont à la retraite depuis peu. Lui s'en veut d'avoir gaché sa vie et de n'avoir jamais réalisé son rêve de vivre au plus près de la nature, à la poursuite du mythe de l'état sauvage, dans l'Alaska primitive qui le faisait tant rêver. Elle s'en veut d'avoir gaché sa vie pour un mariage, un homme et des enfants qui ne l'ont jamais comprise. Pour elle le mariage est la pire des solitudes. Elle tente pourtant désespérément de se raccrocher à ce mariage qui semble prendre l'eau. Quand Gary décide de construire une cabane sur l'ile déserte de Caribou Island, elle le suit, le soutient, malgré tout le mal qu'elle en pense, malgré ses migraines lancinantes qui semblent la rendre folle
Fine quand à elle rêve d'épouser le beau docteur avec qui elle vit, sans savoir que ce dernier lui est infidèle.
Aucun couple ne semble stable. Tout est branlant. Toutes les concessions que chacun s'accorde à faire pour soutenir l'autre semble les ronger de l'intérieur, petit à petit, jusqu'à exploser.
Et oui, comme dans ses autres romans, on sent le drame poindre, et pourtant on y court!

Alors voilà, cet homme qui m'a tant fait vibrer par ses mots était enfin là devant moi. Avec son sourire de toute blancheur et ses yeux bleu glace. Je ne l'imaginais pas aussi charmant! Mon anglais étant déplorable, je n'ai pas pu lui dire tout ce que je voulais. Si une bonne âme accepte de m'aider à lui écrire un courrier je suis preneuse! 
Je voulais lui dire que ce que j'aime dans ses romans, c'est le fait que les actes de ses personnages semblent toujours conditionnés par la nature dans laquelle ils vivent. Dans Sukkwan Island et Désolations le froid semble endormir les protagonistes. Ils ne réagissent pas, anesthésiés par la nature qui les entoure ils accumulent les regrets, les déceptions, sans vraiment se battre pour y remédier. Mais quand ils décident enfin de prendre le taureau par les cornes c'est toujours par un acte spectaculairement insensé! Alors que dans Impurs, la chaleur semble faire bouillir les corps, échauffer les esprits. Les clash sont nombreux, puissants, des feux d'artifice. Nous ne sommes finalement que des animaux, influencés par notre habitat naturel, même si nous ne vivons pas reclus dans une grotte. Quoique ses personnages vivent tout de même dans une sorte d'isolement, souvent recherché d'ailleurs.
J'aime aussi la manière lente et sournoise avec laquelle il amène les drames. On les sait, on les sent, on les frôle, mais ils arrivent lentement. Il fait monter la pression petit à petit, baissant régulièrement le feu pour que l'eau ne bout pas trop vite. Et ça c'est magique!
Finalement je n'aurais réussi qu'à lui dire que j'avais adoré ses romans. J'ai un peu parlé du temps (weather) dans ses romans, sans pouvoir aller au bout de ce que j'avais sur la langue. Puis après un échange sur l'importance des librairies indépendantes, un vif remerciement qu'il fait à la France pour l'avoir fait connaître je me suis en aller, avec les regrets d'avoir perdu le peu d'anglais encore en ma possession. Heureusement que je le comprends encore, et plutôt bien, je ne suis pas partie totalement bredouille. 
La prochaine fois promis je ne bégaye pas, et je maitrise l'anglais!

Je me suis fait d'autre cadeaux sur ce salon, mais ça sera pour une autre fois. Si déjà vous avez réussi à aller au bout de ce -trop- long billet, je vous tire mon chapeau!  
   

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